dimanche 14 février 2010

De la ‘responsabilité’ de l’Islam dans différentes attaques terroristes (extrait de mon livre en chantier…non relu)

Des années après les attaques du 11 Septembre 2001 qui ont en quelque sorte marquées la vraie ‘entrée’ de l’Islam dans ce monde de la violence gratuite, les esprits les plus ‘lucides’ et des ‘intellectuels éclairés’ continuent d’assimiler Islam -religion qui comme toutes les autres croyances monothéistes prône la paix et le respect de la personne humaine- avec des actes terroristes de groupes marginaux et généralement sans agenda politique ou même religieux clair, simplement parce qu’ils sont musulmans ou parce qu’ils affirment poser ces actes au nom de l’Islam. Hitler affirmait lui aussi massacrer les Juifs et ambitionnait de soumettre tous les autres peuples au nom de la ‘grandeur’ de la nation allemande. Nous avons su dans ce cas faire la différence entre ce qui relevait de la simple propagande et la folie d’un individu ou tout au plus d’un clan, et une philosophie partagée par tous les membres d’une communauté, en ne tenant pas tous les Allemands coupables des crimes du régime nazi. Les actes de violences d’autres groupes dans le monde, pour des motifs divers –l’Ira (l’armée Républicaine Irlandaise) au Royaume-Uni, le PKK en Turquie n’ont jamais été assimilés à toute une communauté, bien même quand ces groupes les revendiquaient au nom de la communauté ou même quand dans certains cas la communauté s’y reconnaissait. Ce dangereux amalgame a eu pour conséquence une montée de l’islamophobie qui justement apporte de l’eau au moulin de Ben Landen et à celui de tous les autres groupes fondamentalistes musulmans. J’ai souvent eu des discussions avec des amis qui me répondent très sérieusement : ‘Alors faites quelque chose si vous ne voulez pas être tous confondus à ces terroristes…’. S’entendant dans certains cas, quittez donc cette religion si elle est désormais assimilée à la violence et à la terreur. Des fois je me suis emporté et quand il s’agissait d’amis occidentaux, généralement Britannique ou Français, je réagissais avec la même violence que suscitait en moi ce genre de remarque de la part d’individus qu’on pourrait créditer d’un minimum de bon sens. Il me souvient qu’à ceux des Français qui suggéraient que quitter l’Islam leur semblait la solution pour ne pas être associé à une communauté dont le trait commun, au moins dans l’imaginaire populaire est la violence gratuite et aveugle, le mépris pour la femme et les droits de l’Homme de façon générale ; je répondais qu’au plus fort des massives violations des droits de ceux qu’on qualifiait d’indigène sous la colonisation, ou encore pendant le génocide de la traite négrière, on n’a pas vu ceux des Français qui s’opposaient à ces systèmes déchirer leur carte d’identité dans un geste de dénis d’une nationalité dont on avait toutes les raisons d’en avoir honte. Et pourtant le lien à la religion est quelque chose de plus fort que toute autre identité. Dans la synagogue, l’église ou la mosquée, le riche devient l’alter ego du pauvre, la race disparaît et la nationalité s’efface, laissant place à un lien de fraternité très fort. Chapitre : La dangereuse montée de l’islamophobie La ‘criminalisation’ de l’Islam dans la société américaine Le 4 Juin 2009 à l’université égyptienne d’Al-Azhar au Caire, le président américain Barack Obama prononce un discours annoncé des semaines à l’avance et donc très attendu. Cette adresse est présentée comme une sorte d’acte fondateur des nouvelles relations entre la superpuissance américaine et le monde islamique. D’entrée, le locataire de la maison blanche présente le contexte dans lequel a lieu ce discours. « Nous nous rencontrons à un moment de tensions entre les Etats-Unis et les musulmans dans le monde entier. Une tension dont les racines sont à rechercher dans les forces historiques qui vont au-delà de tout débat politique actuel. Les relations entre l’Islam et l’Occident inclus des centenaires de cœxistence et de coopération, mais aussi de conflits et de guerres religieuses. Plus récemment, les tensions ont été entretenues par la colonisation qui a refusé les droits et les opportunités à beaucoup de musulmans, et la guerre froide pendant laquelle les pays à majorité musulmane ont toujours été traités comme mandataires sans aucun égard pour leurs aspirations. Plus encore, les changements apportées par la modernité et la globalisation ont poussé de nombreux musulmans à voir l’Occident comme hostile aux traditions de l’islam », une religion qui -je dois ajouter- s’accommode mal avec l’idée de l’accumulation des richesses sans égard pour l’environnement physique et humain, mais surtout qui considère la spéculation comme un pire péché ; des valeurs qui constituent le socle même du capitalisme sauvage qui gouverne aujourd’hui l’économie mondiale. Au-delà de cet état des lieux des relations entre les Etats-Unis et l’Occident d’une part et la communauté musulmane de l’autre, le président américain dans le même discours attire surtout l’attention sur l’exploitation que les groupes extrémistes font des problèmes de communication et même quelquefois de manque de respect mutuel et des tensions qui en résultent dans les relations entre l’Occident et le Monde islamique. « Des organisations violentes extrémistes ont exploité ces tensions au sein d’une petite mais forte minorité de musulmans. Les attaques du 11 Septembre 2001 et les efforts continus de ces extrémistes à s’engager dans les violences contre des civiles ont fait que certains dans mon pays voient l’Islam inévitablement comme hostile non seulement à l’Amérique et aux occidentaux, mais aussi aux droits de l’Homme. Ceci a entraîné plus de peur et crise de confiance ». Le président américain évite -volontairement certainement- dans son propos de parler d’intolérance ou de montée du sentiment anti-musulman dans la société américaine. Un sentiment dont il a lui-même été victime pendant la campagne de l’élection président pour la simple raison qu’il est né de père musulman. Bien qu’aucune loi américaine ne criminalise l’appartenance à l’Islam, on a vu avec quelle dégelasse audace et en toute impunité certains des adversaires de Barack Obama l’ont poussé pendant la campagne à nier tout lien avec cette religion. En 2008, quelques mois avant la présidentielle américaine, le sénateur Barack Obama que tout le monde présente déjà comme le favori à cette échéance entreprend un voyage dans le pays natal de son père, le Kenya. Dans le village de ses ancêtres, il est accueilli avec les honneurs dus à un dignitaire et il est habillé dans une tenue traditionnelle influencée par la culture arabo-islamique de cette région de ce pays d’Afrique de l’Est. En pleine campagne pour la présidentielle, on ressort cette photo qu’on présente sur le Net comme la preuve de ce que l’aspirant à la Maison Blanche est un musulman. Mais le plus choquant dans cette affaire c’est le silence avec lequel l’opinion américaine a accepté ce débat nauséabond sur l’islamité de Barack Obama, sans qu’aucun intellectuel ne demande depuis quand être musulman aux Etats-Unis était devenu un crime. Mais pendant cette campagne américaine pour les élections de 2008, on ne découvre pas seulement un nouveau crime, celui d’être musulman dont certains de ses adversaires accusent Barack Obama, mais on se rend compte de l’existence d’un autre qui est celui d’avoir reçu une éducation musulmane, même dans son enfance. ‘Si j’étais musulman je vous le ferais savoir’ C’est par cette phrase que le président américain répond dans un premier temps à une critique, à la pire des stupidités, que lui et son équipe de campagne croit voir disparaître aussi vite qu’elle a apparue mais qui allait le suivre pendant un moment, se transformant carrément des fois en polémique qu’on peut résumer en une phrase : les Etats-Unis vont-ils élirent un musulman à la présidence de la république. De manière éhontée, mais systématique, de nombreux médias américains investissent des fortunes pour enquêter sur les liens du candidat démocrate à la présidence avec l’islam. Et quand il est finalement prouvé que Barack Obama est un chrétien pratiquant, on commence à chercher s’il a jamais été musulman. Et là, le ridicule ne tue pas, certains exhibent comme preuve le fait que l’enfant de huit ans a été inscrit dans une école primaire avec un nom musulman que son père, musulman pratiquant lui a donné, et surtout l’enfant est accusé d’avoir à ce moment-là revendiqué en quelque sorte l’appartenance à une religion à laquelle son père, mais sûrement aussi sa mère après le divorce de ses parents lui ont toujours dits qu’il appartenait. Au-delà du choc que la création dans l’opinion de ce crime d’appartenance à l’Islam ou d’y avoir appartenu à un moment de sa vie crée au sein de la communauté musulmane du monde entier, les musulmans s’étonnent et sont surtout révoltés par le silence des intellectuels américains et occidentaux de façon générale. Eux si prompts à traquer et à dénoncer les moindres actes anti-sémites et homophobes ou toute autre atteinte aux droits de l’Homme, sauf bien entendu quand les auteurs de ces violations sont des gouvernements alliés d’Afrique ou du Proche et du Moyen-Orient. Mais là c’est silence radio, une attitude d’indifférence à ce flagrant délit d’islamophobie profondément troublant pour les musulmans. Une absence de réaction qui est interprétée par la communauté musulmane comme une autre preuve de la criminalisation de l’islam qui même si elle n’est pas encore juridique, l’est déjà sur le plan morale dans nombre de sociétés occidentales. Dans des milliers de mosquées à travers le monde, les prêcheurs et autres prédicateurs ne manquent pas de relever la charge à l’Islam que représente le débat sur l’islamité de Barack Obama, mais surtout d’attirer l’attention sur un fait avec une phrase que j’ai souvent entendu dans les mosquées dans cette période-là : ‘Ces gens ne nous aiment pas. Et s’il le pouvaient il se débarrasseraient de nous sans sommation’. D’autres franchissent le pas dans certaines mosquées habituées à la thèse du complot occidental pour liquidité l’Islam dans une formule qu’on peut résumer par : ‘c’est désormais à qui tirera le premier. C’est eux ou nous’. Le moins que l’on puisse dire c’est que le silence de l’Occident à ce débat est lourd. En comparaison le premier ministre canadienne Stephen Harper, a vivement condamné en Décembre 2009, le gouvernement ougandais pour avoir adopté des lois qui durcissent la répression de ce qui est considéré dans ce lointain pays africain comme le crime d’homosexualité. Mais face au vote de Décembre 2009 suisse interdisant les minarets dans ce pays qui constitue un acte d’intolérance grave si ce n’est de l’islamo-xénophobie à l’état primaire comme l’ont reconnu la majorité des intellectuels indépendants, le premier ministre canadien, comme la quasi-totalité des dirigeants des pays occidentaux n’a pas dit un mot. Une indifférence qui ne traduit pas la gêne qu’a crée ce référendum suisse, mais qui à mon avis est aussi et surtout l’expression du fait que l’attaque à l’Islam, même la plus irraisonnée comme celle de la Suisse, relève désormais du banal, du normal.