samedi 5 mars 2011

Pakistan : la loi ‘anti-blasphème’ est peut-être blasphématoire.

Le Pakistan fait la Une de l’actualité depuis quelques mois, non pas tellement en raison des mouvements talibans qui y ont de présumées bases arrières ou pour les attentats suicides quasi-quotidien avec les morts qui se comptent par centaines, mais plutôt en raison de la polémique sur une loi qui punit le blasphème. Mais à l’analyse, cette législation en elle-même est peut-être blasphématoire.

Le 2 Mars 2011, un commando abat de vingt-cinq balles dans sa voiture le seul ministre chrétien du gouvernement pakistanais, celui des minorités religieuses. Shahbaz Batti n’avait de cesse de dénoncer la loi sur le blasphème dont la seule sentence est la peine de mort. Un peu plus d’un mois avant, le 4 Janvier 2011, Salman Taseer -gouverneur du Penjab pakistanais lui-même musulman- était froidement abattu par son garde de corps, qui disait avoir le ‘devoir’ de tuer son patron considéré lui-aussi comme ‘blasphémateur’ pour avoir osé critiquer la loi sur le blasphème. Le gouverneur avait poussé l’audace jusqu’à rendre visite en prison à une catholique –Asia Bibi- condamnée sur la base de cette loi, pour avoir insultée le prophète Mohamed (Paix sur lui), lors d’un banale dispute entre femmes.

Sans nous attarder sur tous les abus qui peuvent être commis du fait d’une loi, qui fait que même une simple analyse-critique sur Dieu et ses prophètes peut facilement être interprétée comme un crime de blasphème, nous voulons analyser le fond de l’opportunité de l’existence d’une telle législation. En effet, une loi dans ce cadre espèce est créée ou votée pour protéger et défendre. Or il se trouve que l’idée même d’un Dieu et ses prophètes qui seraient défendus par des humains est à mon avis ce qu’il y a de plus blasphématoire, puisque pouvant être considérée comme une reconnaissance de la faiblesse de Dieu ou plutôt de son incapacité à se défendre lui-même et à défendre ses envoyés. Or comme le rappellent tous les Livres sacrés, Dieu est si puissant qu’il n’a jamais réellement eu besoin de matériellement faire quoi que ce soit. Même quand il s’est agit de créer l’univers et tous les êtres vivants, il Lui a suffit de décréter ce qu’Il voulait pour que cela soit. C’est la fameuse notion dans le coran en Arabe du ‘Koun fayakoun’, ‘il Lui suffit de décréter pour que cela soit’. Il ne saurait donc y avoir pire injure, acte plus blasphématoire que la simple idée de penser qu’avec une telle puissance, Dieu aurait besoin de la défense ou encore de la protection des humains. Si défense et protection il est besoin, ce serait plutôt dans l’autre sens. Ce sont les humains qui ont besoin de la défense et de la protection de Dieu. Toute affirmation contraire serait blasphématoire et aucun verset du coran ne permet de la soutenir. Et le jugement du blasphème relève de la compétence de Dieu et de Lui-seul.

Ceux à qui on demandera des comptes, c’est tous ceux qui pour un Oui ou un Non, prennent des Fathua, des décrets religieux, pour punir tel individu ou tel groupe pour des présumés offenses, fondées ou non, contre la personne de Dieu ou de ses prophètes. Car en définitive n’est-ce-pas ces ‘défenseurs’ de Dieu et ses prophètes qui renient la Toute-puissante du Seigneur. Puisse Allah nous accorder la lucidité de penser avant d’agir et de raisonner avant de parler. Et nous épargner de la punition divine d’avoir fait preuve d’un quelconque zèle dans notre manière de vivre notre foi et d’exprimer notre affection à Son égard.

dimanche 16 janvier 2011