mercredi 27 janvier 2010

Ma réponse au président français...sur l'interdiction des minarets en Suisse

Ma réponse à la tribune de Nicolas Sarkozy…(certains journaux français en ont publié quelques extraits). Vous voudriez bien m’accorder cette opportunité non pas vraiment pour répondre au président Français, mais plutôt pour attirer l’attention de l’opinion française et du monde sur les dangers des dérives islamophobes auxquelles on assiste depuis un certain temps en Occident et qui sont assez subtilement véhiculées dans la tribune du président français. Ces dérives comme je m’efforce de le démontrer dans un livre que je suis entrain d’écrire, constituent la principale source de propagande des mouvements terroristes, dont les campagnes de recrutements pour leur morbides entreprises sont axées sur la thèse du complot occidental contre l’Islam. Une thèse qui justifierait donc le Djihad, la guerre sainte, selon ces violentes organisations, dans le but de défendre la liberté pour les musulmans de pratiquer leur religion. Un droit inaliénable chez les musulmans comme chez tous les autres croyants, dont la défense justifierait tout sacrifice, y compris celui de sa vie. Dans son sa tribune publiée par le quotidien Le Monde du Mardi 8 Décembre 2009, Nicolas Sarkozy s’exprimant sur le vote qui interdit la construction de minaret en Suisse dit "être stupéfait par la réaction que cette décision a suscité dans certains milieux médiatiques et politiques" en France. Mais c’est sa stupéfaction qui me stupéfait moi. Que lui, président de la république de l’Etat qui se définit souvent comme le pays des Droits de l’Homme, ne soit pas choqué alors que son propre ministre des Affaires étrangères avec toutes les réserves de sa fonction se déclare "un peu scandalisé" par une prise de position suisse qu’il définit comme "une expression d’intolérance". En d’autres temps et dans une position différente, Bernard Kouchner aurait plutôt parlé d’expression de sentiments islamophobes pour définir ce qui s’est passé en Suisse. Je veux aussi citer à l’intention du président français les propos du président de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui estime que loin de permettre de s’attaquer aux sources et aux causes de l’intégrisme, la décision suisse d’interdire les minarets risquait au contraire "d’encourager des sentiments d’exclusion et d’approfondir les clivages existants" dans les sociétés occidentales. Le président français ne fait pas qu’exprimer son étonnement que la quasi-totalité des intellectuels de son pays trouve l’interdiction des minarets votée en Suisse scandaleuse, mais il justifie même la position de la majorité de ceux qui ont voté lors ce référendum. "Les peuples d’Europe, écrit le président français, sont tolérants, c’est dans leur nature et leur culture. Mais il ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés". Ce qui ressort de cette affirmation du président français c’est la démonstration de sa nature islamophobe à lui en même temps que ça apporte de la clarification à la vraie question qui était posée lors du référendum suisse. Plus qu’une question de minaret, c’est sur la présence même de l’Islam sur leur sol que les Suisses étaient interrogés et c’est bien sur ça qu’ils se sont exprimés. Tout au moins les récents évènements en Suisse constituent "une expression d’intolérance" pour citer le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner. Mais ce qui est encore plus intéressant dans la tribune de Nicolas Sarkozi, c’est son opinion sur la question des minarets en France ou plus généralement sur la présence de l’Islam dans son pays. Dans un ton menaçant, il averti les musulmans de France de ce que dans son pays "où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la république sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France". Sous d’autres cieux, des propos aussi scandaleux, un chantage aussi évident aurait provoqué la démission de son auteur, sans préjudice d’éventuelles poursuites judiciaires pour appel à l’intolérance et propos discriminatoires. Car en d’autres mots ce que dit monsieur Sarkozi aux musulmans dans son pays, c’est tant que vous allez vous faire tout-petits, que vous prieriez dans des caves en vous assurant de ce que vos voisins n’iront pas se plaindre de ce que vous faites du bruit, ou tout simplement qu’ils remarquent votre présence, alors vous serez en sécurité. Mais si vous vous faites trop remarquer et que les plaintes contre votre présence deviennent fortes, je me réserve le droit à ce moment d’interdire progressivement votre religion. Le rusé qu’il se croit et qu’il est peut-être, s’amuse au passage à opposer Christianisme et Islam dans le style : ici nous sommes en terre chrétienne et vous devez respecter cela en évitant de vous faire remarquer, en prenant soin de ne pas construire des mosquées qui seraient perçues comme une forme de concurrence ou de défi à nos cathédrales. En se comportant ainsi le président français vaut-il mieux que ces monarchies du Golfe qui semblent vouloir étouffer le Christianisme alors que le Coran et tous les enseignements islamiques appellent justement les musulmans au respect pour ces frères croyants généralement désignés dans le coran par le terme...ceux qui ont reçu le message avant nous". Le vote Suisse contrairement au président Français qui pense –curieusement je dois dire- que c’est une réaction réfléchie, est juste une manifestation de l’islamophobie que beaucoup ont, naïvement pour certains, encouragé quand par exemple le voile islamique a été diabolisé au point où la religion qui la prône a été projetée aux yeux des opinions comme une monstruosité à combattre, à éliminer. Ajouter à cela les confusions que beaucoup de gouvernements occidentaux ont crée au début entre les attentats terroristes et une religion musulmane dont le seul but serait de remplacer la civilisation occidentale par la leur, "ceux qui veulent nous ramener au Moyen-âge" comme l’ont souvent répété des Chefs d’Etats occidentaux dans une dangereuse généralisation. C’est tout cela mis ensemble qui a finit par créer dans les mentalités collectives dans ces pays l’idée que l’Islam est un dangereux cancer qu’il faut absolument extraire de la société. Et pour ce que le président vante comme un exercice irréprochable de la démocratie populaire, le fait que les Suisses aient été invités à s’exprimer par référendum sur ce sujet, était déjà en soit la pire des imbécilités qu’on n’aurait pu attendre d’un Etat pourtant vanté pour sa pondération et son sens de la sagesse. Je veux rappeler au président français qu’au moment où la France a bannie la peine de mort, si la question avait été mise à référendum c’est à une très large majorité qu’elle aurait été rejetée. Les sondages qui ont été réalisés à l’époque sont encore là et Robert Badinter, le père de l’abolition de la peine capitale en France, est encore vivant pour dire combien cette réforme majeure était impopulaire au sein de l’opinion. La réalité toute simple -mais peut-être est-elle trop compliquée pour le président français qui donne parfois l’impression de réagir sans réfléchir- c’est que les Etats responsables ne jouent pas avec les émotions des opinions et ne soumettent pas ce genre de questions à référendum. Si aujourd’hui on soumettait par exemple la question d’appliquer la peine de mort à toute personne convaincu d’homosexualité en Afrique -un continent que je connais bien- c’est à une très forte majorité qu’elle serait adoptée. Je sais avec quelle colère et quelle frustration le vote Suisse, puis les commentaires du président français ont été accueillis dans les nombreuses mosquées que j’ai fréquentées ces derniers jours et je suis quasi-certain qu’une réponse imbécile est déjà en préparation dans les laboratoires d’Al-Qaïda à ces sorties xénophobes et islamophobes. C’est peut-être le lieu de rappeler à monsieur Sarkozy que c’est grâce à la tradition d’accueil de la France qu’il s’acharne à détruire par ses discours de haine que lui, fils d’immigré, est président de la république en France. Avec sa rhétorique, si Nicolas Sarkozy était Français de souche, il aurait militer pour que tout candidat à l’élection présidentielle soit Français de souche, ou tout au moins qu’il soit Français de père et de mère eux-mêmes nés Français. Ainsi pour s’assurer que ces derniers aient assez ‘d’identité française’ telle que comprise par monsieur Sarkozy et ceux qui partagent son idéologie. C’est donc grâce à cette France d’accueil et d’hospitalité, cette France qui a de la mémoire qu’il tente d’enterrer, que lui Sarkozy, est président de la république là où on aurait pu choisir Dupont, Michelin, De Villepin ou Royale. C’est ça la France. On est Français dès qu’on devient Français. Avec tous les droits. Pas celle de Nicolas Sarkozy qui classe les Français en ‘ceux qui accueillent’ qui ont tous les droits et "ceux qui arrivent" qui doivent se montrer discrets et être reconnaissants pour le peu de droit qu’on veut bien leur accorder. Pour terminer, les musulmans de France dans leur très large majorité comme l’indiquent les enquêtes, sont Français, originaires de pays ayant de très forts liens historiques avec la France. Ils sont généralement d’Algérie, du Maroc, du Sénégal, du Mali, de Guinée, de Côte d’Ivoire, etc. Il ne s’agit donc pas d’immigrés comme tente de le faire penser Nicolas Sarkozy. Leurs parents ont versé leur sang et donné leur vie pour libérer et protéger la France pendant la première et la deuxième guerre mondiale.

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